Tous les techniciens de laboratoire savent malheureusement de quoi il s’agit lorsque l’on parle de TMS. Les fameux troubles musculosquelettiques qui s’invitent dans votre quotidien et dont les conséquences sont lourdes pour le technicien mais également pour les laboratoires.

TMS – Troubles musculosquelettiques du technicien de laboratoire et santé

D’après une étude de l’Assurance Maladie(1), ces TMS ainsi que les lombalgies représentent 87% des maladies professionnelles.

D’après l’Assurance Maladie, les parties du corps les plus touchées par les Troubles Musculo Squelettiques (TMS) sont majoritairement les mains, poignets et doigts qui représentent  38% des affections rapportées, suivies de près par les épaules et les coudes.

Viennent ensuite les genoux et le bas du dos dans une moindre proportion mais dont les troubles ont également de lourdes conséquences.

Répartition TMS

Extrait du rapport sur les TMS, du CHU d’Angers

Les troubles musculo squelettiques au sein du laboratoire

Une étude a été réalisée pour évaluer la prévalence des pathologies des mains et des épaules chez les techniciens de laboratoire en corrélation avec la fréquence de pipetage et les facteurs psychosociaux.

L’étude de Bjöksten (2) met en évidence un temps moyen de pipetage durant toute une carrière de technicien d’environ 6 904 heures ! Cela justifie que nous portions une attention particulière à ce poste, même si ce n’est pas le seul à va avoir un impact sur la santé….

Dans cette étude, on constate que 44% des techniciens disent avoir des problèmes au niveau des mains, 58% se plaignent des épaules et 44% du cou.

D’autres parties du corps sont également identifiées comme douloureuses telles que les lombaires, les hanches, les genoux ou les pieds.

En complément de cette étude, un article rédigé par K.H.E. KROEMER(3) a mis en évidence 7 facteurs de risque à considérer pour identifier un poste à risque :

– L’aspect répétitif de l’activité

– Le travail nécessitant plus de 30% de la force musculaire maximale de façon prolongée ou répétitive

– La position extrême de certaines parties du corps avec des flexions importantes du poignet

– Le maintien d’une position pendant une durée importante

– Les activités qui soumettent le corps à des vibrations

– Les activités à des températures extrêmes (froides ou chaudes)

– Les activités combinant plusieurs facteurs nommés ci-dessus

Ces différentes études identifient le pipetage comme étant à l’origine de douleurs professionnelles des membres supérieurs à cause de l’aspect répétitif, des positions extrêmes et de la force nécessaire.

(2) Hand and shoulder ailments among laboratory technicians using modern plunger-operated pipettes / M G Björksten 1, B Almby, E S Jansson

(3) Cumulative trauma disorders: Their recognition and ergonomics measures to avoid them – Article in Applied Ergonomics · January 1990

Impact du pipetage sur la santé

Les conséquences pour les techniciens sont estimées à 45% comme étant des séquelles lourdes, avec des risques de désinsertion professionnelle.

Il est donc indispensable de mettre au centre de nos préoccupations l’impact sur l’Homme de l’utilisation des fournitures de laboratoire.

Dans le cas du pipetage, la partie du corps la plus impactée par les troubles musculosquelettiques se situe clairement au niveau de la main. Ceci s’explique notamment  par les nombreuses sollicitations qui sont souvent répétitives au cours d’une journée.

Il est donc impératif que tout le matériel utilisé de façon répétitive ou sur une longue durée soit pensé et adapté à l’utilisation du technicien.

Une étude réalisée et publiée par Putz Anderson met en évidence la nécessité de mieux comprendre le travail des techniciens de laboratoire pour mieux analyser le lien entre l’activité et les pathologies douloureuses dont ils souffrent.

CAUSES POSSIBLES

ACTION DE PIPETAGE

SYMPTOMESPATHOLOGIES
Insertion de l’embout et mouvement du poignet pour manipuler la pipetteDouleur et inflammation du poignet et du coudeTendinite (inflammation du tendon)
Serrer fortement la pipette et effectuer des activités répétitives et énergiques d’action sur le piston et d’éjection de l’embout avec le pouceDouleur au bord extrême du poignet, le pouce peut être souple ou se bloquer lors de la flexion palmaire
Syndrome du doigt à ressort (pouce du pipeteur) = le doigt se bloque lors de l’extension
Ténosynovite
Flexion, extension et rotation durant le pipetage, et insertion et éjectionFaiblesse dans la main :
engourdissement ou fourmillements dans le pouce, l’index et le majeur, la paume de la main, douleur du poignet induite par la manipulation des embouts, limitation des mouvements des doigts et du pouce, douleur vive et irradiante de la main jusqu’au coude ou au cou
Syndrome du canal carpien
Insertion des embouts et extension de la pipette à distance du corpsDouleur dans le coude s’aggravant progressivement, la douleur irradie jusqu’à l’avant-bras et l’arrière de la main lorsque le patient saisit un objet ou tord sa main ; préhension affaiblieEpicondylite

Agir pour la santé du technicien

Peut-être vous demandez-vous en quoi le choix de votre micropipette peut avoir des conséquences sur votre santé ?

De nombreux facteurs peuvent être à l’origine de troubles et nécessitent d’avoir toute votre attention dans le choix que vous ferez pour vous évaluer votre micropipette.

En dehors des critères d’achats traditionnels tels que la précision de la quantité pipetée, le coût, la facilité pour réaliser la maintenance, le réglage du volume, et enfin l’ergonomie ; une part importante doit être donnée à tous les points qui peuvent être générateur de TMS.

Pour pouvoir évaluer l’impact sur les troubles musculo squelettiques, nous identifions les différentes phases nécessitant une action statique ou dynamique :

– Régler le volume de la pipette par un mouvement de rotation

– Fixer l’embout manuellement pour les utilisateurs de cônes en vrac ou en positionnant la pipette au-dessus du cône conditionné en rack en appliquant une force

– Appuyer sur le bouton permettant le vide d’air dans le corps de la pipette grâce au déplacement du piston interne

– Relâcher progressivement le bouton pour permettre au liquide de monter dans le cône

– Déplacer la main pour se positionner au-dessus du nouveau contenant

– Appuyer de nouveau sur le bouton pour éjecter le liquide

– Se positionner au-dessus de la poubelle des cônes

– Appuyer sur le bouton d’éjection de l’embout

Nous arrivons à un total de 8 mouvements pour un seul pipetage faisant intervenir les muscles, tendons, nerfs du poignet, de la main, des doigts, du coude, ….

Par conséquent, voici les points de vigilance de la micropipette en termes de santé :

Analyse de risque cas du pipetage

Une partie des sources de TMS – troubles musculosquelettiques du technicien de laboratoire peut être solutionnée grâce à la pipette électronique dont les étapes de réglage et pipetage seront gérées par une simple impulsion ne nécessitant pas d’appliquer une force particulière.

Parallèlement au choix de la pipette, il est également indispensable d’agencer le poste de travail avec du mobilier aux dimensions et caractéristiques adaptées aux techniciens ainsi que d’aménager le plan de travail afin de limiter les mouvements répétitifs pour la prise de volume dans les différents contenants, la manipulation ou encore l’éjection des cônes dans la poubelle.

Et cela fera l’objet d’un prochain article…